La naissance d’une vocation :

Dans cet extrait, l’auteur nous plonge dans l’éveil d’une passion pour l’argile, nourrie par les paysages, les rencontres et les gestes du potier. Un récit intime, où la terre et la créativité se rencontrent, dévoilant peu à peu une vocation essentielle.

« Enfant, j’ai arpenté les montagnes, les sols de terre basaltique peuplés de légendes, de chants et de traditions. J’ai rencontré ces hommes et ces femmes issus de la terre qui te racontaient, comme on tisse un conte, la campagne d’avant. De ces sols rudes et fertiles est née ma fascination pour la nature, le ruissellement de l’eau le long des pans de montagne au printemps, les couleurs de la lauze, les coulées d’ocres, les moraines.

Sur le chemin des vacances comme un rituel, nous faisions une halte avec mes parents pour couper les quatorze heures qui nous menaient au Cantal, juste à côté de l’atelier d’un potier. J’attendais ce rendez-vous avec impatience, et ces glaçures, ces nucléations, ces émaux de cendre ont gravé mon imaginaire.

Je n’ai su que bien plus tard que ces émaux volcaniques étaient nés d’une rencontre, et que ce potier était un éminent disciple de Daniel de Montmollin.

A quatorze ans, j’ai travaillé la terre pour la première fois. Une première sculpture de « Jeune femme encore assoupie » est née. La fascination pour l’argile ne m’a plus quittée.

Comme tous les chemins il y a eu des allers-retours puis de belles rencontres. Et j’ai enfin pu faire éclore cette vocation enfouie, étouffée mais vitale.

J’ai peint, sculpté, gravé, modelé, photographié, écrit et goutté à la magie des cuissons raku… En 2013, j’ai repris le « banc de l’école » pour passer un CAP préparant au métier de tourneur. Devant le tour du potier, je savais pourquoi j’étais là, chacun de mes savoir-faire s’ordonnait, se centrait et prenait sens. »

Extraits – Terres de Songes, « Des céramiques et des mots » 2024